dimanche 10 avril 2011

SOCRATE ET SA SAGESSE IMMORTELLE ET TOUJOURS 2400 ANS APRES D'ACTUALITE


J'ai toujours eu un faible pour Socrate pour sa personnalité rebelle et pour son mode de pensée libre de toutes contraintes. Socrate était un homme simple et modeste de part ses origines, le fils d'un tailleur de pierre et d'une sage-femme, il est né à Athènes au siècle de Périclès, il y a plus de 2400 ans. On sait peu de chose sur sa jeunesse. Marié deux fois,et père de famille, il fut un homme respectueux des lois, même s'il les critiquait par ailleurs. Je ne m'intêresse pas à son parcours de bon citoyen qu'il a assumé comme d'avoir participé à la guerre du Péloponnèse contre Sparte, notamment à la bataille de Potidée, vers l'an -430. Ce qui m'a toujours fasciné chez ce grand homme c'est sa pensée. Uniquement sa personnalité, sa philosophie, et sa méthode d'enseignement.

Sa physionomie fut jadis représentée comme celle d'un satyre pour ne pas ressembler à ses semblables. Sa prétendue laideur, était une simple vue de l'esprit  pour être perçue par ses contemporains comme un homme intempérant, peu soucieux de son apparence, libérale et ironique. Ce qui scandalisaient les athéniens pour qui la beauté physique était le symbole absolu de la beauté morale, privilégiant le paraître à l'être, convaincus que posséder un corps d’athlète parfait, reflétait une âme sans tâche.Et pour cela, ils passaient le plus clair de leur temps, à vouer un culte à la beauté physique. L'instruction étant le dernier de leurs soucis.

Ce qui n'était nullement du goût de Socrate qui n'avait que faire des apparences qui n'étaient qu'illusion, et il ne comprenait pas que l'on puisse perdre son temps à se préoccuper de son physique pour croire que cela avait un impacte sur la perfection de l'âme. Pour le philosophe seul comptait l'être intérieur dont la beauté enrichie par la connaissance perdure dans le temps, alors que le paraître, sans la connaissance de soi et celle du monde, fait illusion qu'un temps, laissant au finale, une coquille vide dans un corps rabougris devenu vraiment laid.

Socrate acquiert l'art de la dialectique auprès des sophistes. Par choix, il vit modestement, marche pieds nus, vêtu d'un manteau de laine grossièrement tissé, et consacre son énergie et son temps à enseigner gratuitement à qui voulait l'écouter et réfléchir, contrairement aux sophistes âpres aux gains. Il enseignait la philosophie au travers de discours ou du logos dans les lieux publics et les gymnases. Il affirmait avoir reçu de Dieu la mission d'éduquer les hommes et pensait à juste titre que l'ignorance était la source des injustices. Cela vaut encore aujourd'hui.

Socrate était très écouté et il avait de nombreux disciples comme Xénophon, Platon, Alcibiade... mais il n'a laissé aucun écrit, car son enseignement était exclusivement oral. Ses dialogues, ses pensées et sa méthode de réflexion nous sont parvenus par l'intermédiaire de ses élèves comme Xénophon (les Mémorables), ou encore d'Aristophane (Nuées), et surtout de Platon (Phédon, Apologie de Socrate, Criton, Le Banquet).


La transmission de sa pensée se faisait à l'occasion des discussions ou de débats au travers desquels il dynamisait les esprits en obligeant ainsi l'interlocuteur à découvrir les vérités qu'il porte en lui.
Socrate en jouant d'ironie ou de fausse naïveté, et en posant d'habiles questions,  il laissait son interlocuteur s'enfermer dans ses contradictions. Faisant semblant de les ignorer, il l’amenait à prendre conscience de ses erreurs de jugement.

Il commençait par ironiser. " Je ne sais pas mais toi tu sais ". L'ironie au sens primitif du terme désigne en effet l'action d'interroger en feignant l'ignorance. Son ironie est à la fois sérieuse et moqueuse : sérieuse, car Socrate sait qu'il ne sait rien ; moqueuse, car la dialectique sert à démontrer à l'autre  qu'en réalité il ignore ce qu'il se flatte de savoir. Le dialecticien laisse à son antagoniste le soin de faire la preuve qu'il est loin d'être un idiot. Il refusait les effets de style, préférant s'adresser à l'intellect et non à la recherche affective. Il avait pour but de convaincre et non, comme les sophiste de persuader en s'appuyant sur l'affectivité.Et contrairement à eux, il discutait et échangeait avec tous ses interlocuteurs, et non en se contentant de leur transmettre un savoir sans se soucier de ce qu'ils pouvaient penser ou de ce qu'ils avaient compris.

Socrate, était en fait un thérapeute en aidant ses disciples à prendre conscience d'eux-mêmes. Il cherchait à éveiller chez ses élèves le sens de l'autocritique qui est le point de départ de l'indépendance de l'esprit. Bien que confiant dans la nature humaine en générale, il n'en était pas moins très sévère envers les politiciens et l'opinion publique. Mais aussi envers toute forme de tyrannie. Socrate était un insoumis qui se rebellait contre l'injustice et contre toute forme de domination et contre les religions de son temps.

Socrate est donc avant tout le fondateur du logos (du discours), c'est à dire d'une pensée rationnelle, cohérente, qui se libère progressivement du mythe ou des fausses croyances. Il se méfiait de l'écriture craignant de mauvaises interprétations de ses pensées, et son enseignement fut donc exclusivement oral. Tout ce que nous savons de lui, nous vient donc des témoignages de ses élèves ou disciples.

Indomptable et athée, son insoumission, son refus de tout dogmatisme et son non-conformisme suscitaient beaucoup d'inimitiés chez les athéniens. Autant dire que sa personnalité rebelle serait tout autant critiquée aujourd'hui et mis au ban des complotistes et autres qualificatifs vides de toute substance de bon sens.
Accusé d'impiété pour refusait de croire en des dieux invisibles et inertes, des citoyens incultes le dénoncèrent comme étant un homme impie, qui voulait introduire de nouvelles divinités, de nouvelles croyances, et de corrompre ainsi la jeunesse qu'il s'efforçait d'éclairer, il fut condamné à mort par le tribunal populaire d'Athènes. Socrate s'était défendu avec une ironie qui passa auprès de ses juges pour de l'arrogance.
Ces mêmes ''bons'' citoyens demandèrent sa mort et l'obtinrent facilement des juges naïfs.

Et pourtant, respectueux des lois même injustes,il ne rendra jamais le mal pour le mal. Il refusa de prendre la fuite préparée par ses disciples. Il choisira de mourir à sa manière, et après avoir longuement médité, il boira une décoction de ciguë, tout en devisant avec ses élèves, selon Platon, sur l'immortalité de l'âme. Pour lui, le grand jour était arrivé. Il mourut sereinement, conscient de son choix.
Ayant dépassé la pensée des sophistes, Socrate est aujourd'hui, considéré comme l'un des pères de la philosophie occidentale par les érudits. Mais je ne suis pas certaine que sa personnalité vindicative et entière serait du goût de certaines personnalités pompeuses et dominatrices actuelles. Comme je suis certaine, qu'il n'aurait pas perdu une occasion pour secouer vigoureusement l'arbre des biens pensants et il n'aurait pas manqué de dire tout haut :

''Que celui qui veut faire bouger le monde, se bouge d’abord lui-même !.'' Socrate

Socrate reste quelqu'un d'énigmatique pour de nombreux érudits. Il apparaît en effet, tour à tour, sérieux et ironique, maître de lui, doux et colérique, religieux et libre penseur, ascète et fêtard, aristocrate et démocrate, sophiste et anti-sophiste, terre à terre sur certains sujets et parfois idéaliste. Sur sa formation intellectuelle, nous ne savons rien, hormis le fait qu'il a eu de grands maîtres de sagesse dans son enfance. C'était un homme tempérant pour se libérer des passions et décider souverainement de ses actes. Il soignera sa santé, méprisera l'argent source de tous les abus, se cultivera jusqu'à sa mort. C'était un sage modeste et pieux qui se remettait sans cesse en question en faisant quotidiennement son examen de conscience. 

Socrate pouvait être aussi sophiste, en limitant ses recherches sur un seul sujet, à savoir l'homme, tout en s'opposant à eux, en refusant d'identifier le Droit avec les faits, la vérité avec la réussite. La réussite n'est pas le signe que l'on détient la vérité. C'est en cela, qu'il était un électron libre. Il enregistrait ce qui était bon chez les uns et rejetait ce qui était mauvais chez les autres et peu lui importait leur caste idéologique et leurs préjugés. C'est ce qui le rend encore aujourd'hui, peut compréhensible tant les humains adorent vivre dans des cases bien définies en adhérant à des sectes religieuses ou politiques.

Par ailleurs, tout ce que l'on sait, c'est qu'il pratiquait la gymnastique, non pour paraître mais pour se maintenir en forme.Il était d'ailleurs, grand et plutôt athlétique physiquement. Socrate se réclamait de la raison et d'une raison universelle. Il n'était ni Athénien, ni grec, mais de nationalité Universelle. Il appartenait au monde, il n'avait ni pays ni frontière. C'est pour cela que sa curiosité était insatiable. Même si pour  Nietzsche, il lui manquait le sens de la vie pour n'être rien d'autre qu'un symptôme de décadence du fait de son équation entre raison, vertu et bonheur, qui aux yeux de Nietzsche était une preuve de faiblesse. Ce qui est une analyse aussi simpliste que restrictive. Il ne devait pas aimé non plus Confucius.

C'était aussi un musicien et un mathématicien avec une prédilection pour la géométrie dont il vantait les mérites, et qu'il était passionné d'astronomie. Il avoua également ne rien comprendre à Héraclite. Selon Aristophane, il aurait aidé Euripide. Il a fréquenté des sophistes : Protagoras, Hippias, Polos, Prodicus de Céos. Il aurait discuter sur les fondements du droit avec Thrasymaque. Pour Socrate, il était important d'écouter ses contemporains quel que soit leur vision du monde.

Socrate croyait en un Dieu unique et inconnaissable. Il ne pouvait donc pas, être à l'origine de notre connaissance du monde. Il avait pris conscience que Dieu est un objet de foi et non d'une science quelconque. Sa piété ne trouvait donc aucune raison de se soumettre aux opinions religieuses des Athéniens pour qui Dieu était multiples et à l'origine de toutes choses bonnes ou mauvaises et à qui l'on imputait des mythes. Tout en respectant leurs croyances, sa foi leur préférait, en bon philosophe, le déisme, c'est à dire la doctrine qui admet l'existence de Dieu, mais comme un être suprême et, invisible qui ne fait référence à aucun dogme ni a aucune Révélation quelconque. Il n'aurait pas aimé les religions judéo-chrétienne ni musulmane.


Quant à la science du monde, elle était à la fois impossible, inutile, car elle ne démontrait pas l'existence de Dieu, et impie car elle se substituait à Dieu dont elle cherchait indûment à violer les secrets. Que restait-il ? Il reste l'homme. Voilà le sens de sa célèbre devise"Connais-toi toi-même, et tu connaîtra les dieux ! ". Cette devise est une vérité incontestable qui est aussi le fondement de la philosophie bouddhiste, comme quoi Dieu, qui est lumière absolue, ne dort nulle-part ailleurs... qu'en toi-même. Nous n'avons pas à savoir qui est Dieu, mais nous mêmes.Qui sommes nous vraiment ? Qui se cache derrière le masque que notre entourage nous a obligé de porter par crainte d'être connu ou reconnu ? Parfois à en perdre la raison.

Qui, était en vérité Socrate ? Etait-il un démocrate ou aristocrate ? Qu'importe, il était lui-même ! un philosophe unique en son genre et hors du temps. Il est le fondement de la philosophie occidentale. La place exceptionnelle qu'il tient dans notre culture est celle du héros fondateur, du père originaire qui s'enveloppe d'une obscurité sacrée. Il appartient à la fois à l'Histoire et au mythe de l'esprit. Lui qui n'écrivait jamais rien, des milliers de livres et d'articles écrits par de nombreux érudits, interrogent encore cette énigme depuis plus de 2300 ans. C'est ce qui fait de lui un être d'exception. Le vrai Socrate est enseveli sous sa légende qui personnifie la conscience philosophique, unité de la conscience intellectuelle et de la conscience morale.

La tradition raconte qu'après sa mort, qui fit un tollé, les Athéniens auraient fermé les palestres et les gymnases en signe de deuil, et ils auraient bannis les accusateurs mensongers de la cité. Malgré que cette histoire soit contestée, je l'a trouve plausible.
En tout cas, c'est par sa mort que Socrate a représenté le sage par excellence en devenant immortel. Le seul regret que peuvent avoir aujourd'hui les penseurs, c'est qu'il n'est pas écrit lui-même ses enseignements. Mais peut-être que c'est beaucoup mieux ainsi. Nous aurions eu en 2300 ans, tout autant d'interprétations de sa pensée.






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