Si les Grecs nous ont appris à penser, ce savoir, ils l'ont hérité des Égyptiens qui l'ont eux-mêmes hérités des Sumériens...Rien ne se perd tout se transmet de génération en génération. Malgré que nous ayons perdu par le passé des sommes de connaissances considérables qui a paralysé notre évolution intellectuelle et spirituelle.
Né
à Athènes en -427, Platon appartenait à une famille
aristocratique, et tout le destinait à la politique. Il vécut une
sombre période historique et assista à l'écrasement d'Athènes
durant les guerres du Péloponnèse, qui mirent aux prises Athènes
et Sparte. En -408, Platon rencontre Socrate et, dès lors, il
renonce à la politique pour se consacrer à la philosophie.
Son maître lui
apporte, non point une doctrine, mais un type de recherche, un jeu de
questions et de réponses, ainsi qu'un mouvement vers la sagesse. La
mort de Socrate (-399) va profondément marquer Platon ; il
écrira désormais pour répondre à cette question : ''comment,
dans la cité, le juste a-t-il pu être condamné à mort et comment
la vraie et authentique justice a-t-elle pu être bafouée?
''. Une réflexion qui n'a toujours pas trouvée de réponse. Risquant d'être inquiété, pour avoir été l'élève de Socrate,
Platon quitte Athènes pour Mégare, une cité voisine. Il part en
Afrique, séjourne en Egypte et gagne ensuite la Sicile, où il espère
réaliser des réformes politiques à Syracuse, auprès du tyran
Denys l'Ancien. Mais les choses se passent mal et Denys qui ne l'entends pas de cette oreille, le fait prisonnier et le vend comme
esclave.
Racheté
et libéré, Platon revient à Athènes en -387. Il y fonde l'Académie,
première école de philosophie organisée comme une université,
avec une importante bibliothèque, des salles de cours et, des logements pour les
étudiants. Cette Ecole de prestige existait, il y a encore 1500 ans.
Toujours
préoccupé par la politique, espérait réaliser des réformes pour améliorer le système. Pour cela Platon
retournera deux fois en Sicile, où Denys le Jeune est au pouvoir. Mais héla, son deuxième voyage, une fois de plus, tournera mal. Il devra sa liberté à l'intervention d'un ami, Archytas de Tarente. Platon est mort à
Athènes en -347, sans avoir pu réaliser ses projets politiques,
mais en laissant une œuvre philosophique considérable qui de plus ait toujours d'actualité.
Si l'enseignement ésotérique qu'enseignait le maître nous est toujours inconnu, ses dialogues subsistent et nous éclairent un peu sur ce qu'il enseignait en secret, malgré que de nombreux textes aient disparus, souvent détruits volontairement.
Si l'enseignement ésotérique qu'enseignait le maître nous est toujours inconnu, ses dialogues subsistent et nous éclairent un peu sur ce qu'il enseignait en secret, malgré que de nombreux textes aient disparus, souvent détruits volontairement.
La
question du meilleur régime politique est au cœur de la
réflexion des deux Anciens sages. Plusieurs dialogues
de Platon (La République ou Le Politique) et
d’Aristote (La Politique) traitent en profondeur la
question. Il est difficile de résumer en une phrase la pensée
politique de Platon et d’Aristote, cependant il est possible
d’avoir plusieurs niveaux de lecture politique de leur œuvre
:
Qu’est-ce que l’homme ? Quelle
est l’essence de l’humanité ? Qu’est-ce qu’un régime
juste ? Quelle doit-être son organisation ? Qui doit gouverner ?
Qu’est-ce que le savoir ? Qui détient la compétence et l’art
politique ?. Bien des questions que l'on se pose encore aujourd'hui.
On répondant pourtant à ces questions, les lignes de
fractures entre les deux philosophes apparaîssent.
Chez Platon, l’homme est divisé en
trois parties : l’une est composée des désirs, c’est la partie animale domestiqué de l’homme, la seconde est le
courage, le coeur, la recherche de l’action noble et la dernière
est la tête, siège du savoir et de l’intelligence. Pour Platon,
si tous les hommes sont des êtres tripartites, il existe des
inégalités dans la répartition de ces attributs : certains sont
dominés par la recherche de la gloire, d’autres part leurs talents, et d’autres par leurs capacités à raisonner
justement.
Le point de départ d’Aristote part au
contraire de l’universalité de la rationalité. Pour le disciple
de Platon, aucune discrimination dans la possession de la raison. tous sont donc égaux.
Même les barbares sont rationnels : “L’homme
est un animal rationnel”, nous dit Aristote, mais il est
aussi un être faible lorsqu'il est seul, il a donc besoin
d’autrui en raison pour exister. C’est pourquoi, il a besoin de vivre en communauté qu'elle soit ou non politique.
Première
différence fondamentale donc entre Platon et Aristote : le premier
pense la différence comme étant inhérente à l’humanité, et le second
pense que l’égalité est lié à cette même humanité. Ce point de départ irradie le reste de leur
pensée politique.
Qu’est-ce qu’un régime juste ? Quelle
doit-être son organisation ? Qui doit gouverner ? Qu’est-ce que le
savoir ? Qui détient la compétence et l’art politique ?
Chez
Platon, les 3 parties de l’homme (besoins, cœur, savoir)
correspondent à trois classes dans la société. Les premiers sont
les paysans, les artisans, les commerçants qui excellent dans la
conduite de la vie domestique.
Les seconds sont la classe
des guerriers, chargés d’assurer la défense et qui veulent se
distinguer par leur bravoure.
Les derniers sont les détenteurs du
savoir, à savoir les philosophes ou les érudits, les intellectuels.
La séparation des rôles
induit chez Platon une hiérarchie des classes sociales. Pour lui,
les philosophes ou les érudits (c’est la fameuse théorie du philosophe-roi)
doivent diriger la cité. Les guerriers défendre le pays, et le peuple doit le nourrir. Ce qui n'est pas faux. Cette hiérarchie se retrouve à toutes les époques. Sauf que le ''Roi'' n'est pas toujours un érudit ou un philosophe à la hauteur de l'analyse de la situation.
D’où vient cette hiérarchie ? Elle provient du
rapport au savoir de chaque classe sociale. Le peuple est guidé par
l’opinion ou la doxa, et les illusions, et il ne peut donc décider
rationnellement pour conduire les affaires de la Cité ou d'un pays. Les guerriers ou les militaires recherchent la gloire ou le prestige, Platon leur reconnaît d'ailleurs de la noblesse, mais ils les trouvent irrationnels, pour se fondre sur leur force physique
essentiellement. Quant aux philosophes, ils sont dans un rapport intime
avec le savoir et l'analyse, ils y consacrent toute leur temps. Il est donc
logique, pour Platon, de leur confier les rênes de la Cité ou d'un pays.Les érudits réfléchissent toujours aux tenants et aux aboutissants, et donc à long terme, aux conséquences sur la société.
Ainsi est née la notion de Justice chez Platon. Une société juste est celle qui met chacun des protagonistes à sa juste place.Chaque classe a un rôle précis à jouer. Avec Platon, on ne mélange pas les serviettes et les torchons !
Chez Aristote, au contraire, la
société n’est divisée qu’en deux classes, à droite les riches et à gauche les
pauvres. Nous l’avons dit, Aristote attribue à chacun la même
faculté à raisonner. Or, s’il ne nie pas qu’il faille être
très rationnel pour conduire une nation, il répond que c’est en
additionnant les rationalités individuelles que l’on peut obtenir
une rationalité collective, un “super-rationalité” en quelque
sorte. C’est pour cette raison que les pauvres, nécessairement
plus nombreux, doivent gouverner : Aristote se prononce ainsi en
faveur d’une démocratie. Il est vrai que le fait d'être pauvre ne nuit en rien à l'intelligence en générale, puisqu'il s'agit de gouverner en collectivité et non individuellement.
Cette
égalité dans l’exercice de la raison a une conséquence évidente
: l’égalité des droits politiques.
Aristote défend un
régime ouvert aux citoyens libres (ce qui exclut bien sûr les
esclaves et les étrangers dits barbares) ce qui, chez lui, est à la fois une
condition et une finalité de la démocratie. Pour Aristote, la
démocratie repose sur le gouvernement tous pour UN et un pour TOUS !
Aristote met néanmoins en garde la démocratie contre deux dérives en particulier, qui sont d'actualité :
– La
démocratie qui signifie la prise du pouvoir
par les pauvres suite à l’oppression des riches. Ici, il ne faut jamais
perdre de vue le principe républicain : tout pouvoir doit s’exercer
au service de l’intérêt général, sinon il ne peut y avoir de démocratie.
– Et ce que l'on vit en France depuis plus de 10 ans sous l'ère Sarkozy-Hollande-Macron la démagogie,
qui donne l’illusion au peuple qu’il gouverne : pour
substituer en douce la souveraineté des décrets à celle des lois imposées par le gouvernement, les
démagogues font semblant d'attribuer toutes les affaires au peuple ; car leur
propre puissance ne peut qu’y gagner. Ils ont l’air de laisser aux électeurs la décision ; mais en réalité ayant capté la confiance
de la multitude, ce sont eux qui gouvernent sous le couvert de la
volonté naïve du peuple. C'est ni plus ni moins de la trahison ou, de l'abus de confiance déguisée.
Chez Platon, le régime idéal est
une aristocratie où le savoir et la raison dominent. Tous les autres
régimes (ploutocratie, démocratie, monarchie, autocratie,…) sont écartées, car ils négligent la place du savoir, de l'érudition. Pour résumé,
c’est la théorie de la subjectivité de Platon qui le conduit à
une position politique élitiste.Pour Platon nul doute, une société doit être gouvernée par des élites intellectuels dont le savoir est incontestable et, donc par des têtes pensantes et bien pleines. Ce qui n'est pas faux en soi.
Chez Aristote, le
pouvoir vient d’en bas, et il est exercé au nom de tous. C’est au
fond une démocratie très moderne, où les positions sociales sont
ouvertes, où le pouvoir s’auto-contrôle, où la gouvernance est
respectée. En cela, Aristote est sans doute le fondateur de
l’humanisme politique. Quoi qu'en France, actuellement, cette démocratie en a pris un coup dans l'aile. Quoi qu'il en soit les deux théories sont tout aussi intéressantes l'une que l'autre. par ailleurs, ce qui est amusant, c'est que 2500 ans après, on en est toujours à s'interroger sur la formule de gouvernance la plus appropriée où chacun y retrouverait ses petits !